Être aux oiseaux
Dans un monde en quête de sens, où l’incertitude gagne du terrain chaque jour un peu plus, il faut bien de la douceur pour tenir. Et parfois, il suffit de lever les yeux. Les oiseaux, dans leur façon d’habiter le ciel, nous rappellent qu’il est encore possible d’être légers, même au milieu des vents contraires. Leur liberté n’est pas naïve. Elle est un geste de confiance. Une manière de dire : allons-y quand même.
C’est ce mouvement-là que j’ai voulu garder au cœur de cette 18e édition du FIAMS. Être aux oiseaux, ce n’est pas fuir le réel : c’est s’offrir un autre point de vue. Celui de l’art, de la pensée libre, d’une perspective qui nous élève, entre lucidité et poésie.
Les artistes, partout dans le monde, créent souvent dans des conditions fragiles, et pourtant, leur engagement parvient à rassembler les publics. Leur regard est vif, leur inventivité, nécessaire. Ils contribuent pleinement aux arts vivants d’aujourd’hui. Les arts de la marionnette, dans leur pluralité, en sont un terrain d’invention : entre formes miniatures ou démesurées, récits intimes ou politiques, théâtre d’objets, de matière, de rue ou d’ombres, ils ouvrent des portes entre le réel et l’imaginaire.
À l’heure où les tensions grandissent, où les crises sociales, climatiques et politiques remettent en question nos modes de vie, ces spectacles nous ramènent à ce qui nous lie. Ils abordent avec sensibilité ce qui nous fragilise, tout en ravivant notre capacité à réfléchir et agir autrement. Ils résonnent avec nos réalités d’aujourd’hui et ouvrent des perspectives sur ce qui pourrait nous advenir.
Le FIAMS célèbre cette année ses 35 ans d’existence. Trente-cinq ans d’ancrage au Saguenay, et tout autant d’ouvertures vers le monde. Pour cette 18e biennale, pendant six jours, Saguenay devient à nouveau une grande scène vivante pour les arts de la marionnette venus d’ici et d’ailleurs : géantes, miniatures, éclatées, numériques, audacieuses. Plus de 200 représentations, une trentaine de spectacles, des expositions, un cabaret festif pour nous rassembler chaque soir, un programme professionnel riche en rencontres, et un site en plein air, qui accueillera une foule d’activités gratuites, dans un lieu conçu pour favoriser les rencontres inattendues et le plaisir d’être ensemble.
La programmation 2025 navigue entre les cabinets de curiosité, le théâtre de rue, les formes contemporaines, les approches documentaires ou expérimentales. Elle donne la parole à ce qui dérange, surprend, émerveille.
Je souhaite, au nom de toute l’équipe, la bienvenue aux artistes, compagnies, programmateurs et journalistes venus de partout. Bienvenue aussi aux festivaliers d’ici et d’ailleurs, venus vivre cette 18e biennale avec nous. La population saguenéenne, qui a adopté les arts de la marionnette depuis plus de trois décennies y occupe une place centrale. Et aux élu(e)s de la Ville de Saguenay, merci de continuer à faire des arts de la marionnette une part de notre identité régionale.
En cette année anniversaire, je tiens à saluer, avec reconnaissance, le travail des directeurs artistiques qui m’ont précédé et qui ont façonné le FIAMS avec passion et vision : Dominique Violette, Marthe Adam, Louise Lapointe, Pier Dufour, Éric Chalifour, Benoît Lagrandeur.
Alors cette année, retrouvons-nous. Dans les salles, les rues, les commerces… Célébrons ensemble la vitalité des arts de la marionnette. Et si, parfois, l’envie de rêver plus haut nous traverse, comme les oiseaux, c’est qu’il est temps de lever les yeux, ensemble.
Dany Lefrançois
Directeur artistique